Écrire, ce n’est pas une activité anodine. Comme pour toute pratique artistique, les écrivains développent un rapport particulier avec leur écriture et le fait d’écrire. Nous avons chacun le nôtre, et il est intéressant de regarder le parcours de chacun pour mieux comprendre, mais aussi apprécier leurs productions.
Premier contact avec l'écriture
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. J’ai même quelques souvenirs de moi avant ma rentrée en CP, vers cinq ans, sur mon siège auto à tracer des lignes comme des vagues sur un carnet, prétendant écrire et sur les nuages, absolument persuadée que j’allais me souvenir de ce que je venais de noter ! Pourquoi des vagues ? Je ne savais pas écrire, à l’époque.
Puis est venue l’entrée au CP. Après quelques mois, j’ai pu commencer à lire des livres seule. L’acte d’écrire une histoire était encore un peu trop complexe pour moi, mais l’envie était bien là… je savais que dès que je m’en sentirai capable, j’écrirais.
Premières idées
J’ai attendu d’être en CE2, donc vers huit ans, pour me lancer dans l’écriture de mon premier roman. Roman est un bien grand mot pour ce que j’écrivais à l’époque… je n’ai jamais terminé ce projet-là, mais je me souviens qu’il avait atteint l’honorable longueur de 32 pages sur Word. J’en étais très fière de ce texte !
À partir de ce moment-là, j’ai toujours combiné lecture et écriture. Mes textes étaient très loin d’être des productions originales. Le plus souvent, il s’agissait d’histoires très (trop) inspirées des films et des séries que je pouvais regarder, notamment durant mon adolescence.
C’est durant mes années collège que j’ai appris que tout le monde pouvait tenter d’être publié dans une maison d’édition. Depuis lors, cette idée ne m’a pas quitté, et a pu évoluer en rêve que je chéris toujours : un jour, ce sera mon nom sur une couverture.
En ligne et projet Bradbury
Après une période de collège complexe où l’écriture m’a beaucoup apporté, j’entre au lycée, toujours avec des idées plein la tête et des rêves d’éditions au cœur. Seulement voilà : tous les projets de roman que je lance, je suis bien incapable de les terminer. Manque d’idée, vite essoufflée, motivation qui retombe… Les dossiers s’accumulent sur le bureau de mon ordinateur, et rien ne voit le jour. Ces textes et ces idées qui datent de cette époque sont bien au chaud sur mes disques durs : je sais qu’un jour, je me replongerai dedans.
À mon entrée en 1re, vers mes seize ans, je suis prise de doute quant à mon écriture : je n’ai jamais rien montré à personne, très peu de gens savent que j’écris… et plus, je n’ai jamais rien terminé ! Je commence alors, comme beaucoup d’autres à cette époque, à poster des écrits pour lesquels je n’avais aucune ambition éditoriale en ligne, sur des réseaux comme Skyblog ou Wattpad. Les premiers retours sont bons, je reprends confiance en ma plume… et me lance dans le défi Bradbury : écrire une nouvelle par semaine pendant un an. Ce fut certainement une des meilleures décisions de ma vie d’autrice.
Les premiers mots sont difficiles. Cependant, même si le texte en lui-même n’est pas optimal, au bout de quelques jours, j’arrive à poser le point final de ma première nouvelle. Je n’en reviens pas : je l’ai fait ! Une deuxième semaine commence : le dimanche, je termine une deuxième nouvelle. Je continue dans ma lancée jusqu’à écrire cette nouvelle. La nouvelle, le projet qui vous change en tant qu’autrice. Ce texte, c’est Brise Brisée.
Pour l’époque, c’était mon meilleur texte. Encore aujourd’hui, quand je le relis, presque huit ans plus tard, malgré quelques éléments à corriger, la nouvelle est parfaitement viable. Avec ce texte me vient une idée : et si je montais un recueil ?
Nouvelliste ?
Très vite, mon bureau se remplit de nouvelles en tout genre, qui traitent d’un peu tous les sujets. À l’heure actuelle, je dois avoir une bonne vingtaine de nouvelles terminées qui n’attendent que d’être retravaillées et organisées en recueil. Un jour, peut-être…
Dans mon esprit, il était clair que finalement, le format roman, ce n’était peut-être pas pour moi. Je rentre à l’université avec cette certitude.
Panne sèche
Et là, le drame. L’inspiration n’est plus là. Pour quelle raison, aucune idée… mais pendant mes trois années de licences en Lettres Classiques, je n’écrirais pas une ligne. Je n’ai ni les idées ni l’énergie… rien. Ce n’est pas faute d’essayer ! Mais une fois devant le papier ou le traitement de texte, c’est la page blanche. Mon rêve d’être éditée en jour s’éloigne.
Renaissance
Parfois, l’Univers nous réserve des surprises. Au sortir de ma licence de Lettres Classiques, tous mes plans d’orientation tombent à l’eau : j’écope refus sur refus de la part des Masters, et même mes plans de secours me refusent. J’ai alors le choix : recommencer une L3 dans un autre domaine, ou bien prendre une année sabbatique et retourner dans le circuit des études l’année suivante. Je décide de me réorienter, mais pas n’importe où ! Après avoir fini ma première licence sur les rotules et après deux burn-out à cause des études, je veux m’orienter vers des études qui me feront du bien, dans lesquelles je pourrais me ressourcer. C’est là que je tombe nez à nez, sur l’interface d’envoi de dossier, sur la licence Lettres Écritures, une licence spécialisée en écriture créative. J’ai envoyé mon dossier trois jours avant la clôture des envois… et ai été acceptée.
Cette deuxième année de L3 fut comme une renaissance. Parce que j’avais déjà validé plusieurs matières, j’avais un emploi du temps plus léger, idéal pour me reposer… mais surtout, nous étions tous poussés à écrire et à créer. Lorsqu’on n’écrivait pas, on se relisait, on se faisait des retours, on analysait nos procédés d’écritures… Je suis allée à mon premier cours d’écriture la boule au ventre. Cela faisait plusieurs années que je n’avais rien écrit, est-ce que j’arriverais à sortir quelque chose ?
Mais surtout, quelque chose de pas trop mauvais ? Je suis sortie de la salle de classe rassurée, mais surtout, libérée : je pouvais encore écrire, mais surtout, je n’étais pas mauvaise. C’était la première fois que je confrontais directement ma plume aux regards des autres. Je me souviens encore des compliments que j’ai reçus ce jour-là, de mes camarades comme de mon professeur. Mon rêve de me faire éditer se rapprochait. Au détour d’un projet universitaire, j’ai pu publier pour la première fois un de mes textes, et en faire une lecture publique.
Seulement voilà : la vie n’est pas que les études, il me fallait bien trouver une voie ensuite. Déjà enfant, je voulais faire de l’écriture mon métier. Je le sentais au fond de moi que ce serait ma voie. Je m’en suis détournée pour, au final, y revenir. C’est durant cette licence que j’ai découvert grâce à une amie le Master « Rédaction Professionnelle», plutôt orienté sur de l’écriture technique. Le descriptif me plaisait bien, et ça pouvait être un moyen possible de faire de l’écriture mon métier à temps plein. J’ai envoyé ma candidature et ai été acceptée sans problème.
Poisson dans l’eau
Dès la réunion de prérentrée du Master, j’ai su que j’étais au bon endroit, que ce serait ce métier-là et pas un autre. J’ai rarement été aussi à l’aise de ma vie en cours, alors que j’ai toujours été très bonne élève. Malgré le COVID et ses complications, je réalisais ce Master presque sans difficulté. Je me sentais chez moi, comme un poisson dans l’eau.
C’est durant ce Master que j’ai réalisé, comme un challenge, mon premier NaNoWriMo, et posé le point final de mon premier roman. J’ai aussi beaucoup participé à des concours de nouvelles, non pas avec l’objectif de gagner, mais d’affûter ma plume sous la contrainte. Je renouais à la fois avec mon moi-rédactrice et avec mon moi-autrice.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, j’ai mes deux Licences et mon Master en poche. L’écriture n’est plus un passe-temps, une passion que je gardais secrète, mais ce qui me permet de vivre.
L’écriture technique, notamment la vulgarisation (qu’elle soit historique, scientifique comme littéraire) fait tout autant partie de mon quotidien que l’écriture créative avec mes projets littéraires. Je continue approfondir mes connaissances, mais aussi à affûter mon style, en touchant à plusieurs domaines et en débloquant certains supports : jusqu’à il y a peu, je n’avais jamais écrit de poésie. Maintenant, j’ai un carnet plein de poèmes en vers libres qui n’attendent que d’être organisés en recueil.
Conclusion
L’écriture, pour moi, est bien plus qu’une simple passion. Avant même de savoir former des lettres, c’était déjà là. L’écriture est pour moi une véritable vocation, un moyen d’expression tant fonctionnel qu’artistique.
L’écriture pour moi est bien plus qu’une simple passion. C’est une vocation… C’est mon identité.