Conseil Lecture : Kushiel (T1) – La marque – Jaqueline Carey

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KUSHIEL (Tome 1) — LA MARQUE de Jacqueline Carey

Kushiel (T1) — La Marque, ça parle de quoi ?

Dans un univers semblable au nôtre, mais qui n’est pas le nôtre, évoluent des royaumes, des castes et des peuples avec des coutumes bien spécifiques. Phèdre fait partie de ce monde étrange, parmi lequel elle a une place toute particulière. Pourquoi ? Phèdre a une tâche dans son œil : la marque de Kushiel, qui lui vaut de ressentir du plaisir dans la souffrance. 

Dans ce premier tome, nous suivons Phèdre de sa plus tendre enfance jusqu’à l’âge adulte. Avec une narration où Phèdre nous raconte son passé, le lecteur découvre presque en même temps qu’elle le monde dans lequel elle évolue. Ses beautés… comme ses horreurs. Très vite, comme dans beaucoup de roman de fantasy, les complots et les intrigues politiques et martiales viennent s’entremêler. 

Un univers large à la politique complexe

La Marque se caractérise à la fois par la plume de l’autrice qui allie fluidité, beauté et poésie, que par un univers large, complexe, à la politique finement maîtrisée. Très vite, et un peu malgré elle, Phèdre se retrouve au cœur d’un complot politique d’envergure. Grâce à sa condition de courtisane, Phèdre peut avoir et a une grande influence sur les personnes de pouvoir, qu’elles soient hommes comme femmes. 

Malgré le nombre important de noms, Jacqueline Carey parvient à garder son lecteur avec elle pour l’emmener au cœur d’une crise politique sans précédent dans les royaumes. À la manière d’un Game of Thrones, le lecteur se retrouve emporté et ballotté au gré des retournements de situations… et parfois, pas forcément pour le meilleur. 

De multiples rebondissements

Ce premier tome de plus de mille pages pourrait vite en effrayer beaucoup… mais c’était sans compter sur le génie de Jacqueline Carey. Entre sa plume entraînante, les multiples rebondissements et un rythme parfaitement géré, elle parvient à capter son lecteur dès la première page pour ne plus le lâcher. 

Espionnage, complot, trahison, évasion… tout est réuni pour faire de ce premier tome un roman à la fois d’aventures, de politique… mais aussi, parfois, d’amour. 

De fantasy adulte aux thématiques pour public avisé

Ce qui différencie principalement un roman de fantasy pour adolescent et un pour adulte est le degré de violence, mais aussi les scènes érotiques. La Marque est un vrai roman de fantasy adulte. Jacqueline Carey ne lésine pas sur les détails, parfois morbides et sanglants, et les personnages sont loin d’être manichéens. 

De plus, Phèdre, par sa condition, a le rôle d’une courtisane de luxe dans le tableau politique. Attendez-vous donc à retrouver quelques scènes érotiques. Attention cependant ! Rien de graveleux ni de pornographique, bien au contraire. Dans La Marque, les scènes érotiques sont rares, mais surtout, parfaitement réalisées : nous sommes plus proches d’un érotisme glamour, beau et sacré que de la pornographie. 

En bref…

En bref, ce premier tome est un véritable rouleau compresseur qui emporte son lecteur loin de la réalité pour l’y replonger, changé, quelque mille pages plus tard. La Marque est un roman à la fois complet aux personnages excellents, un roman politique, un roman d’amour, un roman d’aventures… Un excellent roman de fantasy adulte, qui se dresse à la hauteur, si ce n’est même plus haut, que Game of Thrones. 

Conseil lecture : Le chant d’Achille

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LE CHANT D’ACHILLE de Madeline Miller

Le chant d'Achille, ça parle de quoi ?

Ce roman vous plongera directement dans une ambiance antique, direction la Grèce ! Vous côtoierez au fil des pages des figures légendaires telles qu’Ulysse, Agamemnon, Ménélas… mais surtout, Achille et Patrocle.


Eh oui ! Avec Le chant d’Achille, Madeline Miller propose une réécriture du mythe de la guerre de Troie. Dans ce cas, où est l’originalité ? Cette fois-ci, ce n’est pas au travers des yeux d’Achille ou de ceux de Troie que l’on suit l’histoire… mais par les yeux de Patrocle. Et ça, c’est un véritable coup de maître !

La mythologie... autrement !

L’autrice parvient à réaliser un sacré tour de force. Un double tour de force, même !

D’abord, elle redonne son importance à Patrocle, un personnage de la mythologie souvent oublié, complètement effacé par la figure héroïque d’Achille. Ici, dans Le chant d’Achille, le héros, le plus grand des Grecs, ce n’est pas Achille… mais Patrocle. Nous le suivons depuis son enfance jusqu’à la fin de la guerre de Troie en passant par sa rencontre avec Achille, leur amitié, leur amour, leur dispute… Une véritable fresque épique.

Pour ne rien gâcher, Madeline Miller, en plus d’être elle-même diplômée de Lettres Classiques, s’est fait aider par le département de Lettres Classiques de l’Université de Brown pour offrir à ses lecteurs une nouvelle version de l’Iliade, augmentée et romancée, certes, mais aussi juste et respectueuse du texte antique. Pour avoir pu lire et traduire certains passages de l’Iliade d’Homère, c’est un plaisir de voir et remarquer ce respect de la tradition grecque mêlée à la modernité du style de l’autrice.

Une histoire spoilée d’avance ?

Oui… et non. Si vous connaissez vos classiques, bien sûr que vous connaissez la fin de l’histoire ! Cependant, le frisson de la lecture n’en est pas moins grisant. 


Un non-initié découvrira ce mythe d’une manière extraordinaire jusqu’à l’apothéose finale… cette même apothéose qui a laissé la moitié du continent américain en larmes.

Un initié, lui, verra la Fatalité à l’œuvre durant tout le roman, appréciera chaque instant et redoutera la page suivante…

À la fin, ce roman est un délice particulièrement cruel, ô combien puissant, ô combien prenant ! Une claque, pleine d’une douceur à la fois amère et délectable.

En bref…

Ce roman a été pour moi une très belle découverte, mais aussi un très beau coup de cœur. Un livre qui m’a fait voyager, sourire, rire, pleurer, douter, angoisser… Le genre de roman qu’il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour apprécier cette réécriture tout simplement splendide d’un des mythes fondateurs de notre société.

« Et après tout, peut-être que l’ultime chagrin consiste à se retrouver seul sur terre une fois que l’autre est parti. »
Madeline Miller, Le chant d’Achille, p. 112